La "consommation" de série et de film est devenue une activité pour laquelle beaucoup de français ont pris l'habitude d'attribuer un budget maîtrisé. C'est la crise pour tout le monde, une place de cinéma à plus de 10 euros... ce n'est pas neutre dans un budget. Après l'achat d'un ordinateur, les films et séries deviennent un loisir numérique presque gratuit (modulo une connexion internet). La fermeture de mégaupload a largement bouleversé ces habitudes. Pour ou contre Hadopi, tout le monde reconnaît (ou devrait reconnaître) que si regarder une œuvre téléchargée (sans la payer) est puni par la loi, faire de l'argent en diffusant le même contenu est beaucoup plus grave.Face au vide laissé par Megaupload, les petits malins s'organisent pour permette (moyennant finance) à quiconque de récupérer des films rapidement et anonymement. Où ? Comment ?

Si vous effectuez une correspondance à la gare du Nord vous croiserez certainement ces vendeurs à la sauvette qui vendent des divx sur cd.

"Raaah... François c'est pas un scoop... c'est du réchauffé ton post!". De ce point de vue ... Certes.Les vendeurs de CD n'ont pas attendu la fermeture de Megaupload.

vente_divx_metro1.jpg(Sur cette photo prise à gare du nord, on voit un "stand" au premier plan et un deuxième à droite du pilier contre le mur. Les clients se bousculent...)

Les vraies informations sont:

  • l'explosion du nombre de revendeurs. Dans le métro, on en trouve dans de plus en plus de couloirs. Voir même plusieurs dans un même couloir. La mafia s'adapte donc au marché et profite du vide pour faire du business.
  • l'explosion du nombre de clients. Les gens s'arrêtent devant les stands et achètent. Sur la photo on voit qu'il y a du monde autour des 2 stands.

La qualité de ces copies est assez semblable à ce qui se téléchargeait avant. En Mars 2010, Benjamin testait l'un de ces films.

Est-ce que l'action conjuguée d'Hadopi et du FBI ne rendent pas la situation plus grave?

  1. Avant Hadopi, le peer to peer via les réseaux edonkey/emule ou torrent était un échange de particulier à particulier. Cet échange était illégal mais non-monétisé. Donc il n'alimentait pas les artistes mais pas les mafias non plus.
  2. L'arrivé d'Hadopi a poussé l'utilisation des services de stockage payants en ligne.
  3. La fermeture du principal service (MegaUpload), fait exploser la contre-façon mafieuse et semble-t'il aussi le recours à l'offre légale.

Une situation illogique

On parlait déjà il y a 3 ans dans ce blog: la dématérialisation ne devrait pas suivre les mêmes schémas que les produits physiques. Les disques audio ou vidéo ont vécu (et le Blu-ray sera vraisemblablement le dernier).

Les droits d'auteurs sont de plus inadéquats et ahurissants. Quand on sait que la chanson "Joyeux anniversaire" appartient à "Time Warner". (source :http://fr.wikipedia.org/wiki/Joyeux_anniversaire#Droit_d.27auteur): "la chanson Happy Birthday to You ne peut pas être chantée publiquement sans avoir à payer une redevance". Et demain ?  Vous imaginez payer pour chanter/écouter dans la sphère privée ? Et siffler un tube dans la rue ? faut payer aussi ? Ne devrait-on pas interdire les enfants de parler des films dans la cour de récréation ? (bah oui, le bouche à oreille ça incite à ne pas aller voir les mauvais films. Et après tout le contenu révélé et protégé par le droit d'auteur. Mais la cour d'école est-elle un lieu publique... hmmm)

Un peu de bon sens:

  • Un auteur, écrivain, chanteur, acteur, réalisateur doit pouvoir vivre de son métier et de sa passion. Pour ça il doit donc travailler: Concerts, théâtres (et pas juste regarder le royalties tomber à la fin du mois).
  • Si une œuvre est utilisée à des fins commerciales (dans une publicité, dans un magasin, dans un bal/discothèque payant, ...) et qui participe à générer un chiffre d'affaire (participe à créer la richesse), il est normal que l'auteur de cette œuvre soit rémunéré pour cette utilisation. La société a été très généreuse pendant longtemps avec les artistes (voir dans billet précédent le parallèle entre Molière et Michael Jackson)
  • Qu'un particulier doivent payer pour télécharger (pas voler un DVD avec son packaging, juste le contenu dématérialisé) quelque chose qui est accessible gratuitement par ailleurs (à la télévision). Et bien non. Ce n'est pas logique.
  • Qu'une taxe sur les connexions internet des particuliers rémunère les auteurs (à hauteur de leurs audiences): pourquoi pas. La sacem fait la même chose dans les commerces, les discothèques et à la radio depuis des années.

Et le dernier point complètement illogique: dans la campagne électorale en cours, la licence globale est une mesure plutôt de gauche. La politique ce n'est pas que du bon sens ? non ? ah pardon ...

Et vous qu'en pensez-vous ?

(Ce billet n'est pas une incitation au piratage.)